bratata

loire semene 300

 

Réseau des bibliothèques de Loire Semène

La terre qui penche (roman adulte)

  • Imprimer
  • E-mail

carole martinezLa terre qui penche de Carole Martinez (roman)

Carole Martinez a déjà écrit Le cœur cousu et Du domaine des murmures (Prix Goncourt des lycéens 2011).Comme dans son roman précédent, cette histoire se déroule au Moyen-Age : Blanche, fille de seigneur, meurt (ou pas !) à l’âge de 12 ans. Le récit se fait à deux voix : un chapitre est narré par Blanche enfant, le suivant par « la vieille âme », Blanche qui a vieilli dans la mort ; c’est un peu déroutant au début, ensuite on s’y habitue et cela donne deux visions de la même situation.

Au début de l’histoire, Blanche nous décrit sa vie difficile au sein de sa famille noble (sa mère est morte, il lui reste son père, sa sœur jumelle et une flopée de sœurs « bâtardes » !) où elle vit toujours occupée à filer ou à broder , habillée comme une fille du peuple ; elle ne doit pas savoir ni lire ou écrire, alors qu’elle en rêve ; la finalité de sa vie est d’être mariée à un noble (comme Esclarmonde du domaine des murmures) et ainsi allier deux familles. C’est ainsi que son père l’emmène au domaine des murmures (même lieu que le précédent roman, mais deux siècles plus tard) pour y rencontrer son promis, Aymon de Haute-Pierre, garçon simplet et original. Puisqu’il ne pourra pas gouverner seul, Blanche l’aidera et pour cela devra apprendre à lire.

Parallèlement à cela, elle rencontre une mystérieuse dame au bord de la rivière, qui semble n’être pas vraie et qui vit dans la rivière...elle lui raconte une drôle d’histoire sur ses origines...

Ce roman s’inspire en tout point du Moyen-Age : cette fille appartient à son époque illettrée et ignorante, pleine d’idées reçues ; l’environnement, « la terre qui penche », fait référence à une région viticole en terrasses, mais les descriptions font que nous aussi nous « penchons » et sommes ramenés à la rivière qui est un des personnages clés du roman : elle semble douée d’une vie propre, se gonfle et se dégonfle au gré de ses envies, tue et maltraite les hommes... La Peste nommée « pestilence » a fait des ravages et semble aussi être une personne malfaisante qui a pris (entre autres) toutes les filles d’une cuisinière-fée qui habite une clairière enchantée. Un cheval, formé pour les joutes et la guerre, semble éprouver de véritables émotions humaines... Toute cette magie forme des ramifications qui nous ramènent vers Blanche, centre du roman.

Attention : malgré l’attrait que peut exercer la présentation du livre et la renommée de l’auteure, c’est un roman terrible, dur par rapport aux enfants (très peu considérés à l’époque), noir comme pouvait l’être cette époque avec la maladie, la guerre ou l’ignorance... C’est un livre à suspens avec une fin que l’on n’attend pas ; Carole Martinez possède une écriture parfaite, un style riche et moderne malgré l’emprunt de mots du Moyen-Age. Pour moi qui l’attendais avec impatience depuis « Du domaine des murmures », c’est un roman parfaitement construit avec une langue admirable ! Un livre envoûtant...

Angélique.

Auteur(s) Martinez, Carole (1966-...) (Auteur)

Titre(s) La Terre qui penche / Carole Martinez.

Editeur(s)Paris : Gallimard , 2015.

Résumé Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort ! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent. L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend. Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais ? Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.